Version numérisée de l‘ouvrage
Biographie
Présentation du livre
Table des matières
 

RECHERCHES PHILOSOPHIQUES
SUR LES PREMIERS OBJETS
DES CONNAISSANCES MORALES
 


Chapitre premier. De la philosophie .........................................................................................................................  9
 
Chapitre II. De l’origine du langage .......................................................................................................................  81
 
Chapitre III. De l’origine de l’écriture ..................................................................................................................  155
 
Chapitre IV. De la physiologie .............................................................................................................................  183
 
Chapitre V. Définition de l’homme : Une intelligence  servie par des organes ........................................................... 189
 
                      Chapitre VI. Définition de l’homme : Une masse organisée  et sensible, qui reçoit
                       l’esprit de tout ce qui l’environne   et de ses besoins (Catéchisme philosophique de
Saint-  Lambert) .................................................................................................................................................. 201
 
Chapitre VII. De la pensée .................................................................................................................................  213
 
Chapitre VIII. De l’expression des idées .............................................................................................................  233
 
Chapitre IX. L’âme n’est pas le résultat de l’organisation corporelle ......................................................................  263
 
Chapitre X. De la cause première .......................................................................................................................  320
 
Chapitre XI. Des causes finales ..........................................................................................................................  382
 
Chapitre XII. De l’homme ou de la cause seconde ...............................................................................................  406
 
Chapitre XIII. Des animaux ................................................................................................................................  450
 
Considérations générales  ..................................................................................................................................... 495
 
Dans ses Recherches philosophiques sur les premiers objets des connaissances morales, l’auteur met en avant ce que « depuis près de trois mille ans […] les hommes cherchent par les seules lumières de la raison » ainsi que ce qui conditionne cette recherche. L’investigation – qui est une confrontation de divers systèmes philosophiques, au premier chef ceux du dix-huitième siècle, objet d’une critique virulente – est  double : elle passe par le recensement des dits « objets des connaissances morales » et par l’analyse  des dimensions dans lesquelles l’homme déploie son rapport au monde et qui vont structurer ses connaissances. Les Recherches ont un rôle pour ainsi dire inaugural, ou du moins précurseur dans l’histoire de la sociologie et de la linguistique : en considérant la langue comme une dimension dans laquelle vit l’homme, et non plus comme un moyen de communication entre deux interlocuteurs, Bonald déplace le questionnement linguistique et anthropologique de manière décisive, en ce qu’il importe aussi  en philosophie politique où le langage devient une condition de possibilité de toute existence sociale ou politique. L’objet de la réflexion philosophique n’est pas l’homme, mais bien la société. L’auteur suit un principe invariant : mesurer les systèmes dits scientifiques qui se veulent fondés sur la physique, la physiologie et l’histoire (Lucrèce, Spinoza, Cabanis, Condillac, La Mettrie, Diderot, Lamarck sont expressément visés) à l’aune du texte biblique et de la pensée métaphysique (entre autres Malebranche  – plutôt que Descartes jugé trop matérialiste – et Bossuet) qui savent trouver dans la cause finale la raison unique et dernière de toutes choses –  qui fonctionne en tous domaines : la physique, les sciences naturelles,  l’histoire, la linguistique et la politique. La méthode de l’analogie assure la cohérence de la pensée en toutes ces disciplines. La dimension polémique fait l’intérêt principal de l’ouvrage, à travers une confrontation  détaillée de la pensée dite par l’auteur libérale  et de la pensée  appelée depuis réactionnaire.
 
La présente édition suit l'édition de Migne (Œuvres complètes de M. de Bonald, tome III, 1859) après vérification de sa conformité au texte de 1818, première édition :  Recherches philosophiques sur les premiers objets des connoissances morales, par M. de Bonald,  Paris, André Le Clère.
 
Gwendal Piégais
BONALD
Recherches philosophiques sur les premiers objets des connaissances morales, 1818
 
Né  le 2 octobre 1754 à Millau, après une scolarité passée au collège des Oratoriens de Juilly, Louis de Bonald servira comme mousquetaire, avant que ce corps ne soit supprimé en 1776 par Louis XVI. Il reviendra alors sur ses terres et deviendra maire de Millau en 1785.
Comme beaucoup d’intellectuels et lettrés européens (Fichte par exemple), Bonald sera tout d’abord partisan de la Révolution française, puis opposant farouche. Ses nouveaux concitoyens lui remirent une couronne civique pour ses prises de position en faveur de la Révolution ; réélu maire de Millau en février 1790 il sera par la suite élu membre de l’Assemblée du département de l’Aveyron, dont il sera président.
Le revirement de Bonald fut sans doute déclenché par le sort réservé à l’Église catholique, tant par la Constitution Civile du clergé que la mise en vente de ses biens. La nouvelle Assemblée nationale entendait mettre l’Église française sous l’autorité de l’État, faisant des prêtres, évêques et curés, de simples citoyens – non plus membres d’un ordre mais fonctionnaires. Bonald ne peut accepter de voir l’Église passer d’une situation où elle est le garant du politique, à une situation où le politique, désacralisé et débridé, lui dicterait sa conduite. Au delà de ce renversement de principe il craint la naissance d’une nouvelle forme  d’intolérance politique et religieuse. Il démissionna de toutes ses fonctions le 31 janvier 1791 et préféra subir le sort des émigrés de la Contre-Révolution en fuyant  à Heidelberg, non loin de « l’armée des émigrés » et du Prince de Condé. C’est pendant cet exil qu’il décidera (nourri des ouvrages de Tacite et de Bossuet) de s’adonner à l’écriture et de méditer le rapport du pouvoir temporel au pouvoir spirituel : cette réflexion aboutit à la Théorie du pouvoir politique et religieux imprimée à Constance en 1796.
Il réapparaît publiquement en France en 1818, après le coup d’État du 18 brumaire, bien qu’il fût de retour à Paris  – dans la clandestinité –  depuis 1797. Il collabora avec Fontanes au  Mercure de France . Depuis la publication de son premier livre, il avait écrit plusieurs ouvrages :  Théorie de l’éducation sociale (1796), Essai analytique sur les lois naturelles de l’ordre social (1800), Du Divorce considéré au XIXe siècle (1801), Législation primitive (1802). Ses œuvres sont souvent comparées à celles de Chateaubriand – beaucoup plus connu que lui ; bien qu’entretenant de bons rapports avec l’auteur du Génie du Christianisme, il décrira ce dernier comme « un alter ego sucré ». De retour sur ses terres, il continue de publier des études dans le Mercure de France et dans le Journal des Débats. Son article « Réflexions philosophiques sur la tolérance des opinions » paru en 1806 lui vaudra l’hostilité de Fouché. C’est Fontanes, directeur du  Mercure de France , qui dut plaider la cause de Bonald auprès de Napoléon. Mais ses démêlés avec l’empereur ne s’arrêtèrent pas là. Napoléon lui proposa de faire réimprimer la Théorie du pouvoir politique et religieux à la condition de retirer le nom du roi et de modifier le contenu à la convenance du nouveau souverain des français, ce que Bonald refusa. Dans les mois qui suivirent, en 1807, Napoléon lui offrit de prendre la direction de la rédaction du Journal de l’Empire et le poste de Conseiller de l’Université, créé en 1806 pour régir l’enseignement. Il déclina les deux, n’ayant que du mépris pour un journal sous tutelle impériale et pour la coquille vide qu’était devenue, à ses yeux, l’Université sous le règne de Napoléon. Fontanes dut une nouvelle fois intervenir, en pressant Bonald d’accepter (ce qu’il fera en 1810) le poste au Conseil de l’Université.
Ses prises de positions et sa défense de la monarchie lui vaudront le prestige et la reconnaissance du nouveau régime : à la Restauration, il revient sur la scène politique. Il est créé Chevalier de Saint-Louis, ordre royal et militaire mis en place par Louis XIV. Pendant l’épisode des Cent-Jours, il siège au Conseil Royal de l’Instruction publique. Député de l’Aveyron en 1815, il s’illustre dans sa lutte contre la loi sur le divorce et contre le centralisme administratif et budgétaire, trop proche du jacobinisme et du terrorisme révolutionnaire. Il plaide en faveur de la liberté et de l’autonomie des communes et des départements. Il parvient à faire voter et appliquer ce qui sera appelé la « loi Bonald » (annulée en 1884)  qui supprime l’institution révolutionnaire du divorce. Nommé académicien en 1816 par le comte de Vaublanc, il y occupa le fauteuil de Cambacérès. A partir de 1818, il prit part, avec Chateaubriand, Villèle et Lamennais, à la rédaction du périodique  Le Conservateur  qui perdura jusqu’en 1820. Il fut candidat à la présidence de la Chambre en 1823, sans parvenir à ses fins, mais fut nommé pair de France – titre auquel il renonça après les Trois Glorieuses et la chute de Charles X. Son refus de prêter serment à Louis-Philippe consacra la fin de sa vie politique. Il  mourut en 1840.
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