Version numérisée de l‘ouvrage
HELVÉTIUS
De l'esprit (1758)
Biographie
Présentation du livre
Table des matières
 

DISCOURS I
DE L'ESPRIT EN LUI-MÊME
 
L'objet de ce Discours est de prouver que la sensibilité physique et la mémoire sont les causes
productrices de toutes nos idées; et que tous nos faux jugemens sont l'effet ou de nos passions,
ou de notre ignorance.
 
CHAPITRE PREMIER.Exposition des Principes  ..................................................................................................... 15
CHAP. II. Des erreurs occasionnées par nos passions  .............................................................................................. 26
CHAP. III. De l'ignorance  ...................................................................................................................................... 29
On prouve, dans ce Chapitre, que la seconde source de nos erreurs consiste dans l'ignorance des faits
de la comparaison desquels dépend, en chaque genre,la justesse de nos décisions.
CHAP. IV. De l'abus des mots  ................................................................................................................................ 42
Quelques exemples des erreurs occasionnées par l'ignorance de la vraie signification des mots.
Il résulte de ce Discours, que c'est dans nos passions et notre ignorance que sont les sources de nos
erreurs; que tous nos faux jugemens sont l'effet de causes accidentelles qui ne supposent point, dans
l'esprit, une faculté de juger distincte de la faculté de sentir.
 
DISCOURS II
DE L'ESPRIT PAR RAPPORT A LA SOCIÉTÉ
 
On se propose de prouver, dans ce Discours, que le même intérêt,
qui préside au jugement que nous portons sur les actions, et nous les fait regarder comme vertueuses,
vicieuses ou permises, selon qu'elles sont utiles, nuisibles ou indifferentes au public, préside
pareillement au jugement que nous portons sur les idées; et qu'ainsi, tant en matiere de morale que d'esprit,
c'est l'intérêt seul qui dicte tous nos jugemens: vérité dont on ne peut appercevoir toute l'étendue qu'en
considérant la probité et l'esprit relativement,
1°. à un particulier,
2°. à une petite société,
3°. à une Nation,
4°. aux differens siecles et aux differens Pays,
et 5°. à l'univers.
 
CHAPITRE PREMIER. Idée générale  ...................................................................................................................51
 
CHAP. II. De la probité par rapport à un particulier  .................................................................................................56
 
CHAP. III. De l'esprit par rapport à un particulier  ....................................................................................................61
On prouve, par les faits, que nous n'estimons, dans les autres, que les idées que nous avons
intérêt d'estimer.
 
CHAP. IV. De la nécessité où nous sommes de n'estimer que nous dans les autres  ....................................................68
On prouve encore, dans ce Chapitre, que nous sommes, par la paresse et la vanité, toujours forcés de
proportionner notre estime pour les idées d'autrui, à l'analogie et à la conformité que ces idées ont
avec les nôtres.
 
CHAP. V. De la probité par rapport à une société particuliere  ...................................................................................77
L'objet de ce Chapitre est de montrer que les Sociétés particulieres ne donnent le nom d'honnêtes qu'aux
actions qui leur sont utiles: or l'intérêt de ces Sociétés se trouvant souvent opposé à l'intérêt public,
elles doivent souvent donner le nom d'honnêtes à des actions réellement nuisibles au public;
elles doivent donc, par l'éloge de ces actions, souvent séduire la probité des plus honnêtes gens;
et les détourner, à leur insu, du chemin de la vertu.
 
CHAP. VI. Des moyens de s'assurer de la vertu  ......................................................................................................81
On indique, en ce Chapitre, comment on peut repousser les insinuations des Sociétés particulieres,
résister à leurs séductions, et conserver une vertu inébranlable au choc de mille intérêts particuliers.
 
CHAP. VII. De l'Esprit par rapport aux Sociétés particulieres  ...................................................................................87
On fait voir que les Sociétés pesent à la même balance le merite des idées et des actions des hommes.
Or, l'intérêt de ces Sociétés n'étant pas toujours conforme à l'intérêt géneral, on sent qu'elles doivent,
en conséquence, porter, sur les mêmes objets, des jugemens très-differens de ceux du Public.
 
CHAP. VIII. De la différence des jugemens du Public, et de ceux des Sociétés particulieres  ......................................94
Conséquemment à la difference qui se trouve entre l'intérêt du Public et celui des Sociétés particulieres,
on prouve, dans ce Chapitre, que ces Sociétés doivent attacher une grande estime à ce qu'on appelle le bon
ton et le bel usage.
 
CHAP. IX. Du bon ton, et du bel usage  .................................................................................................................100
Le Public ne peut avoir, pour ce bon ton et ce bel usage, la même estime que les Sociétés particulieres.
 
CHAP. X. Pourquoi l'homme admiré du Public n'est pas toujours estimé des gens du monde  .....................................108
On prouve qu'à cet égard la différence des jugemens du Public, et des Sociétés particulières,
tient à la difference de leurs intérêts.
 
CHAP. XI. De la probité par rapport au Public  .......................................................................................................115
En conséquence des principes ci-devant établis, on fait voir que l'intérêt géneral préside au jugement que
le Public porte sur les actions des hommes.
 
CHAP. XII. De l'Esprit par rapport au Public  .........................................................................................................117
Il s'agit de prouver, dans ce Chapitre, que l'estime du Public pour les idees des hommes, est toujours
proportionnée à l'intérêt qu'il a de les estimer.
 
CHAP. XIII. De la probité par rapport aux siécles et aux Peuples divers  .................................................................127
L'objet qu'on se propose, dans ce Chapitre, c'est de montrer que les Peuples divers n'ont, dans tous les
siécles et dans tous les Pays, jamais accordé le nom de vertueuses qu'aux actions ou qui étoient,
ou du moins qu'ils croyoient utiles au Public. C'est pour jetter plus de jour sur cette matiere,
qu'on distingue, dans ce même Chapitre, deux différentes especes de vertus.
 
CHAP. XIV. Des vertus de préjugé, et des vraies vertus  .........................................................................................135
On entend ici, par vertus de préjugé, celles dont l'exacte observation ne contribue en rien au bonheur public;
et, par vraies vertus, celles dont la pratique assure la félicité des Peuples. Conséquemment à ces deux differentes
espéces de vertus, on distingue, dans ce même Chapitre, deux différentes espéces de corruption de moeurs;
l'une Religieuse, et l'autre Politique: connoissance propre à repandre de nouvelles lumieres sur la Science de la Morale.
 
CHAP. XV. De quelle utilité peut être à la Morale la connoissance des Principes
établis dans les Chapitres précedens  ......................................................................................................................147
L'Objet de ce Chapitre est de prouver que c'est de la législation meilleure ou moins bonne que dépendent les vices
ou les vertus des Peuples; et que la plûpart des Moralistes, dans la Peinture qu'ils font des vices, paroissent
moins inspirés par l'amour du bien public, que par des intérêts personnels, ou des haines particulieres.
 
CHAP. XVI. Des Moralistes hypocrites  ................................................................................................................153
Développement des Principes précedens.
 
CHAP. XVII. Des avantages que pourroient procurer aux hommes les Principes ci-dessus exposés  ..........................157
Ces Principes donnent aux Particuliers, aux Peuples, et même aux Législateurs, des idées plus nettes de la vertu,
facilitent les reformes dans les loix, nous apprennent que la science de la même morale n'est autre chose que la
science de la législation; et nous fournissent enfin les moyens de rendre les Peuples plus heureux et les Empires
plus durables.
 
CHAP. XVIII. De l'esprit, consideré par rapport aux siécles et aux Pays divers  .......................................................165
Exposition de ce qu'on examine dans les Chapitres suivans.
 
CHAP. XIX. Que l'estime pour les differens genres d'esprit est, dans chaque siecle, proportionnée à l'intérêt
qu'on a de les estimer  ...........................................................................................................................................166
 
CHAP. XX. De l'esprit, considéré par rapport aux différens Pays  ............................................................................183
Il s'agit conformément au Plan de ce discours, de montrer que l'intérêt est, chez tous les Peuples, le dispensateur
de l'estime accordée aux idées des hommes; et que les Nations toujours fideles à l'intérêt de leur vanité, n'estiment,
dans les autres Nations, que les idées analogues aux leurs.
 
CHAP. XXI. Que le mépris respectif des Nations tient à l'intérêt de leur vanité  ........................................................192
Après avoir prouvé que les Nations méprisent, dans les autres, les Mœurs, les Coûtumes et les usages différens des leurs;
on ajoute que leur vanité leur fait encore regarder comme un don de la Nature la supériorité que quelques-unes
d'entr'elles ont sur les autres: supériorité qu'elles ne doivent qu'à la Constitution politique de leur Etat.
 
CHAP. XXII. Pourquoi les Nations mettent au rang des dons de la nature les qualités qu'elles ne doivent qu'à la forme
de leur Gouvernement  ..........................................................................................................................................199
On fait voir, dans ce Chapitre, que la vanité commande aux Nations comme aux Particuliers; que tout obéit à la loi de
l'intérêt; et que, si les Nations, conséquemment à cet intérêt, n'ont point, pour la morale, l'estime qu'elles devroient
avoir pour cette Science, c'est que la Morale, encore au berceau, semble n'avoir jusqu'à présent été d'aucune utilité
à l'Univers.
 
CHAP. XXIII. Des causes qui, jusqu'à présent, ont retardé les progrés de la morale  .................................................204
 
CHAP. XXIV. Des moyens de perfectionner la Morale  ..........................................................................................209
 
CHAP. XXV. De la probité par rapport à l'univers  ..................................................................................................220
 
CHAP. XXVI. De l'esprit, par rapport à l'univers  ...................................................................................................222
L'objet de ce Chapitre est de montrer qu'il est des idées utiles à l'univers; et que les idées de cette espéce sont
les seules qui puissent nous faire obtenir l'estime des Nations. La conclusion génerale de ce Discours, c'est que
l'intérêt ainsi qu'on s'étoit proposé de le prouver, est l'unique dispensateur de l'estime et du mépris attachés aux
actions et aux idées des hommes.
 

DISCOURS III
SI L'ESPRIT DOIT ETRE CONSIDERE COMME UN DON DE LA NATURE, OU COMME UN EFFET DE
L'EDUCATION
 
Pour résoudre ce Problême, on cherche dans ce Discours si la Nature a doué les hommes d'une égale aptitude à l'Esprit,
ou si elle a plus favorisé les uns que les autres; et l'on examine si tous les hommes, communément bien organisés,
n'auroient pas en eux la puissance Physique de s'élever aux plus hautes idées, lorsqu'ils ont des motifs suffisans pour
surmonter la peine de l'application.
 
CHAPITRE PREMIER  .......................................................................................................................................229
On fait voir, dans ce Chapitre, que, si la Nature a donné aux divers hommes d'inégales dispositions à l'Esprit,
c'est en douant les uns, préferablement aux autres, d'un peu plus de finesse de sens, d'étendue de mémoire, et de
capacité d'attention. La question réduite à ce point simple, on examine, dans les Chapitres suivans, quelle influence
a sur l'esprit des hommes la différence qu'à cet égard la nature a pû mettre entr'eux.
 
CHAP. II. De la finesse des sens  ..........................................................................................................................234
 
CHAP. III. De l'étendue de la mémoire  .................................................................................................................237
 
CHAP. IV. De l'inégale capacité d'attention  ...........................................................................................................246
On prouve, dans ce Chapitre, que la Nature a doué tous les hommes, communement bien organisés, du degré d'attention
nécessaire pour s'élever aux plus hautes idées: on observe ensuite que l'attention est une fatigue et une peine à
laquelle on se soustrait toujours, si l'on n'est animé d'une passion propre à changer cette peine en plaisir;
qu'ainsi la question se réduit à savoir si tous les hommes sont, par leur nature, susceptibles de passions assez fortes
pour les douer du degré d'attention auquel est attachée la supériorité de l'esprit. C'est pour parvenir à cette
connoissance, qu'on examine, dans le Chapitre suivant, quelles sont les forces qui nous meuvent.
 
CHAP. V. Des forces qui agissent sur notre ame  ...................................................................................................262
Ces forces se reduisent à deux: l'une, qui nous est communiquée par des passions fortes; et l'autre, par la haine de
l'ennui. Ce sont les effets de cette derniere force qu'on examine dans ce Chapitre.
 
CHAP. VI. De la Puissance des Passions  ..............................................................................................................268
On prouve que ce sont les passions qui nous portent aux actions héroîques, et nous élevent aux plus grandes idées.
 
CHAP. VII. De la supériorité d'esprit des gens passionnés sur les gens sensés  .........................................................275
 
CHAP. VIII. Que l'on devient stupide, dès qu'on cesse d'être passionné  ..................................................................283
Après avoir prouvé que ce sont les passions qui nous arrachent à la paresse ou à l'inertie, et qui nous douent de cette
continuité d'attention nécessaire pour s'élever aux plus hautes idees; il faut ensuite examiner si tous les hommes sont
susceptibles de passions, et du degré de passion propre à nous douer de cette espece d'attention. Pour le découvrir
il faut remonter jusqu'à leur origine.
 
CHAP. IX. De l'origine des passions  .....................................................................................................................289
L'objet de ce Chapitre est de faire voir que toutes nos passions prennent leur source dans l'amour du plaisir,
ou dans la crainte de la douleur, et, par conséquent, dans la sensibilité physique. On choisit, pour exemples en ce genre,
les passions qui paroissent les plus indépendantes de cette sensibilité; c'est-à-dire, l'avarice, l'ambition,
l'orgueil et l'amitié.
 
CHAP. X. De l'avarice  .........................................................................................................................................293
On prouve que cette passion est fondée sur l'amour du plaisir et la crainte de la douleur; et l'on fait voir comment,
en allumant en nous la soif des plaisirs, l'avarice peut toujours nous en priver.
 
CHAP. XI. De l'ambition  ......................................................................................................................................297
Application des mêmes Principes, qui prouvent que les mêmes motifs qui nous font desirer les richesses, nous font
rechercher les grandeurs.
 
CHAP. XII. Si dans la poursuite des grandeurs, l'on ne cherche qu'un moyen de se soustraire à la douleur ou de jouir
des plaisirs physiques, pourquoi le plaisir échappe t'il si souvent à l'ambitieux?  ..........................................................303
On répond à cette objection, et l'on prouve qu'à cet égard il en est de l'ambition comme de l'avarice.
 
CHAP. XIII. De l'orgueil  ......................................................................................................................................309
L'objet de ce Chapitre est de montrer qu'on ne desire d'être estimable que pour être estimé; et qu'on ne desire d'être
estimé que pour jouir des avantages que l'estime procure: avantages qui se réduisent toujours à des plaisirs physiques.
 
CHAP. XIV. De l'amitié  .......................................................................................................................................314
Autre application des mêmes Principes.
 
CHAP. XV. Que la crainte des peines ou le desir des plaisirs physiques peuvent
allumer en nous toutes sortes de passions  ...............................................................................................................324
Après avoir prouvé, dans les Chapitres précedens, que toutes nos passions tirent leur origine de la sensibilité physique:
pour confirmer cette vérité, on prouve, dans ce Chapitre, que, par le secours des plaisirs physiques, les Législateurs
peuvent allumer dans les cœurs toutes sortes de passions. Mais, en convenant que tous les hommes sont susceptibles de
passions, comme on pourroit supposer qu'ils ne sont pas du moins susceptibles du degré de passions nécessaire pour les
élever aux plus hautes idées, et qu'on pourroit apporter en exemple de cette opinion l'insensibilité de certaines Nations
aux passions de la gloire et de la vertu; on prouve que l'indifference de certaines Nations, à cet égard, ne tient qu'à
des causes accidentelles, telles que la forme differente des Gouvernemens.
 
CHAP. XVI. A quelle cause on doit attribuer l'indifference de certains peuples pour la vertu  .....................................330
Pour résoudre cette question, on examine, dans chaque homme, le mêlange de ses vices et de ses vertus, le jeu de ses
passions, l'idée qu'on doit attacher au mot vertueux; et l'on découvre que ce n'est point à la nature, mais à la
législation particuliere de quelques Empires, qu'on doit attribuer l'indifference de certains Peuples pour la vertu.
C'est pour jetter plus de jour sur cette matiere, que l'on considere, en particulier, et les Gouvernemens despotiques
et les Etats libres, et enfin les differens effets que doit produire la forme différente de ces Gouvernemens.
L'on commence par le Despotisme; et, pour en mieux connoître la Nature, on examine quel motif allume dans l'homme le
désir effrené du pouvoir arbitraire.
 
CHAP. XVII. Du dêsir que tous les hommes ont d'être Despotes, des moyens qu'ils emploient pour y parvenir, et du danger
auquel le Despotisme expose les Rois  ....................................................................................................................340
 
CHAP. XVIII. Principaux effets du Despotisme  ....................................................................................................346
On prouve, dans ce Chapitre, que les Vizirs n'ont aucun intérêt de s'instruire, ni de supporter la censure; que ces
Vizirs, tirés du corps des Citoyens, n'ont, en entrant en place, aucuns principes de justice et d'administration; et
qu'ils ne peuvent se former des idées nettes de la vertu.
 
CHAP. XIX. Le mépris et l'avilissement où sont les Peuples entretient l'ignorance des Vizirs; second effet du Despotisme
 
CHAP. XX. Du mépris de la vertu et de la fausse estime qu'on affecte pour elle:
troisiéme effet du Despotisme  ...............................................................................................................................355
On prouve que, dans les Empires despotiques, on n'a réellement que du mépris pour la vertu, et qu'on n'en honore
que le nom.
 
CHAP. XXI. Du renversement des Empires soumis au pouvoir arbitraire: quatriéme effet du Despotisme  ..................360
Après avoir montré, dans l'abrutissement et la bassesse de la plûpart des Peuples soumis au pouvoir arbitraire,
la cause du renversement des Empires despotiques, l'on conclut, de ce qu'on a dit sur cette matiere,
que c'est uniquement de la forme particuliere des Gouvernemens que dépend l'indifference de certains Peuples
pour la vertu: et, pour ne laisser rien à desirer sur ce sujet, l'on examine, dans les Chapitres suivans, la cause
des effets contraires.
 
CHAP. XXII. De l'amour de certains Peuples pour la gloire et pour la vertu  .............................................................364
On fait voir, dans ce Chapitre, que cet amour pour la gloire et pour la vertu dépend, dans chaque Empire, de l'adresse
avec laquelle le Législateur y unit l'intérêt particulier à l'intérêt géneral, union plus facile à faire dans certains
pays que dans d'autres.
 
CHAP. XXIII. Que les Nations pauvres ont toujours été et plus avides de gloire, et plus fécondes en grands hommes,
que les Nations opulentes  ......................................................................................................................................368
On prouve, dans ce Chapitre, que la production des grands hommes est, dans tout pays, l'effet nécessaire des recompenses
qu'on y assigne aux grands talens et aux grandes vertus; et que les talens et les vertus ne sont, nulle part, aussi
recompensés que dans les Républiques pauvres et guerrieres.
 
CHAP. XXIV. Preuve de cette vérité  ....................................................................................................................372
Ce Chapitre ne contient que la preuve de la Proposition énoncée dans le Chapitre précedent. On en tire cette conclusion:
c'est qu'on peut appliquer à toute espece de passions ce qu'on dit, dans ce même Chapitre, de l'amour ou de l'indifference
de certains Peuples pour la gloire et pour la vertu: d'où l'on conclut que ce n'est point à la nature qu'on doit attribuer
ce degré inégal de passions, dont certains Peuples paroissent susceptibles. On confirme cette verité en prouvant, dans les
Chapitres suivans, que la force des passions des hommes est toujours proportionnée à la force des moyens employés pour
les exciter.
 
CHAP. XXV. Du rapport exact entre la force des passions et la grandeur des récompenses
qu'on leur propose pour objet  .................................................................................................................................376
Après avoir fait voir l'exactitude de ce rapport, on examine à quel degré de vivacité on peut porter l'enthousiasme des
passions.
 
CHAP. XXVI. De quel degré de passion les hommes sont susceptibles  ...................................................................383
On prouve, dans ce Chapitre, que les passions peuvent s'exalter en nous jusqu'à l'incroyable; et que tous les hommes,
par consequent, sont susceptibles d'un degré de passion plus que suffisant pour les faire triompher de leur paresse,
et les douer de la continuité d'attention à laquelle est attachée la superiorité d'esprit: qu'ainsi la grande inégalité
d'esprit qu'on apperçoit entre les hommes dépend et de la differente éducation qu'ils reçoivent et de l'enchainement
inconnu des diverses circonstances dans lesquelles ils se trouvent placés. Dans les Chapitres suivans, on examine si les
faits se rapportent aux principes.
 
CHAP. XXVII. Du rapport des faits avec les principes ci-dessus établis  ..................................................................389
Le premier objet de ce Chapitre est de montrer que les nombreuses circonstances, dont le concours est absolument necessaire
pour former des hommes illustres, se trouvent si rarement réunies, qu'en supposant, dans tous les hommes, d'égales
dispositions à l'esprit, les Génies du premier ordre seroient encore aussi rares qu'ils le sont. On prouve de plus,
dans ce même Chapitre, que c'est uniquement dans le Moral qu'on doit chercher la véritable cause de l'inégalité des esprits;
qu'en vain on voudroit l'attribuer à la différente temperature des climats; et qu'en vain l'on essaieroit d'expliquer par
le Physique une infinité de Phénomenes politiques qui s'expliquent très-naturellement par les causes morales.
Telles sont les conquêtes des Peuples du Nord, l'esclavage des Orientaux, le génie allégorique de ces mêmes Peuples;
et enfin la supériorité de certaines Nations dans certains genres de sciences ou d'arts.
 
CHAP. XXVIII. Des conquétes des peuples du Nord  .............................................................................................393
Il s'agit, dans ce Chapitre, de faire voir que c'est uniquement aux causes morales qu'on doit attribuer les conquêtes
des Septentrionaux.
 
CHAP. XXIX. De l'esclavage, et du génie allégorique des Orientaux  .......................................................................401
Application des mêmes Principes.
 
CHAP. XXX. De la superiorité que certains Peuples ont eu dans les divers genres de sciences ou d'arts  ...................409
Les Peuples qui se sont le plus illustrés par les arts et les sciences, sont les Peuples chez lesquels ces mêmes arts
et ces mêmes sciences ont été le plus honorés: ce n'est donc point dans la différente température des climats, mais dans
les causes morales, qu'on doit chercher la cause de l'inégalité des esprits. La conclusion générale de ce Discours,
c'est que tous les hommes, communément bien organisés, ont en eux la puissance physique de s'élever aux plus hautes idées;
et que la différence d'esprit qu'on remarque entr'eux, dépend des diverses circonstances dans lesquelles ils se trouvent
placés, et de l'éducation différente qu'ils reçoivent. Cette conclusion fait sentir toute l'importance de l'éducation.
 
DISCOURS IV
DES DIFFERENS NOMS DONNÉS A L'ESPRIT
 
Pour donner une connoissance exacte de l'esprit et de sa nature, on se propose, dans ce Discours, d'attacher des idées
nettes aux divers noms donnés à l'esprit
 
CHAPITRE PREMIER. Du Génie  .......................................................................................................................419
 
CHAP. II. De l'imagination et du sentiment  ............................................................................................................428
 
CHAP. III. De l'Esprit  ..........................................................................................................................................442
 
CHAP. IV. De l'esprit fin, de l'esprit fort  ................................................................................................................446
 
CHAP. V. De l'esprit de lumiere, de l'esprit étendu, de l'esprit pénétrant, et du goût  ..................................................459
 
CHAP. VI. Du bel esprit  ......................................................................................................................................467
 
CHAP. VII. De l'esprit du siecle  ...........................................................................................................................473
 
CHAP. VIII. De l'esprit juste  ................................................................................................................................482
On prouve, dans ce Chapitre, que, dans les questions compliquées, il ne suffit pas, pour bien voir, d'avoir l'esprit juste:
qu'il faudroit encore l'avoir étendu: qu'en général les hommes sont sujets à s'énorgueillir de la justesse de leur esprit,
à donner à cette justesse la préférence sur le genie: qu'en conséquence, ils se disent supérieurs aux gens à talens;
croient, dans cet aveu, simplement se rendre justice; et ne s'apperçoivent point qu'ils sont entraînés à cette erreur
par une méprise de sentiment commune à presque tous les hommes, méprise dont il est sans doute utile de faire appercevoir
les causes.
 
CHAP. IX. Méprise de sentiment  ..........................................................................................................................490
Ce Chapitre n'est proprement que l'exposition des deux Chapitres suivans. On y montre seulement combien il est difficile
de se connoître soi-même.
 
CHAP. X. Combien l'on est sujet à se méprendre sur les motifs qui nous déterminent  ...............................................491
Développement du Chapitre précédent.
 
CHAP. XI. Des Conseils  ......................................................................................................................................501
Il s'agit d'examiner, dans ce Chapitre, pourquoi l'on est si prodigue de conseils, si aveugle sur les motifs qui nous
déterminent à les donner; et dans quelles erreurs enfin l'ignorance où nous sommes de nous-mêmes à cet égard, peut
quelquefois précipiter les autres. On indique, à la fin de ce Chapitre, quelques-uns des moyens propres à nous faciliter
la connoissance de nous-mêmes.
 
CHAP. XII. Du bon sens  ......................................................................................................................................510
 
CHAP. XIII. Esprit de conduite  .............................................................................................................................514
 
CHAP. XIV. Des qualités exclusives de l'esprit et de l'ame  .....................................................................................523
Après avoir essayé, dans les Chapitres précédens, d'attacher des idées nettes à la plûpart des noms donnés à l'esprit;
il est utile de connoître quels sont et les talens de l'esprit qui, de leur nature, doivent réciproquement s'exclurre,
et les talens que des habitudes contraires rendent pour ainsi dire inalliables. C'est l'objet qu'on se propose d'examiner
dans ce Chapitre et dans le Chapitre suivant où l'on s'applique plus particulierement à faire sentir toute l'injustice
dont le public use, à cet égard, envers les hommes de génie.
 
CHAP. XV. De l'injustice du Public à cet égard  ......................................................................................................534
On ne s'arrête, dans ce Chapitre, à considérer les qualités qui doivent s'exclurre réciproquement, que pour éclairer
les hommes sur les moyens de tirer le meilleur parti possible de leur esprit.
 
CHAP. XVI. Méthode pour découvrir le genre d'étude auquel l'on est le plus propre  .................................................545
Cette méthode indiquée, il semble que le plan d'une excellente éducation devroit être la conclusion nécessaire de cet
ouvrage: mais ce plan d'éducation, peut-être facile à tracer, seroit, comme on le verra dans le Chapitre suivant,
d'une exécution très-difficile.
 
CHAP. XVII. De l'éducation  ................................................................................................................................553
On prouve, dans ce Chapitre, qu'il seroit sans doute très utile de perfectionner l'éducation publique; mais qu'il n'est
rien de plus difficile; que nos mœurs actuelles s'opposent, en ce genre, à toute espece de réforme; que, dans les Empires
vastes et puissans, on n'a pas toujours un besoin urgent de grands hommes; qu'en conséquence, le gouvernement ne peut
arrêter longtems ses regards sur cette partie de l'administration. On observe cependant, à cet égard, que dans les Etats
monarchiques, tels que le nôtre, il ne seroit pas impossible de donner le plan d'une excellente éducation;
mais que cette entreprise seroit absolument vaine dans des Empires soumis au Despotisme, tels que ceux de l'Orient.
 

L'édition retenue est celle de 1751, qui fut condamnée par le Parlement le 6 février 1759. Cette condamnation peut être considérée comme l'aboutissement de ce qu'on a nommé "l'affaire Helvétius", événement de première importance pour l'histoire des idées et de la philosophie. L'ouvrage avait obtenu "l'approbation" le 27 mars 1758, puis le "privilège" le 2 mai 1758, "privilège" qui lui fut retiré dès le 10 août 1758, peu après la mise en vente.
Pour obtenir l'autorisation de publier, Helvétius avait dû ajouter à son manuscrit quelques passages, en supprimer ou modifier certains termes et plusieurs développements. Afin de ne pas entériner ces effets de censure, on a restitué, autant que possible, l'original d'Helvétius, en suivant l'édition Lepetit de 1818, qui reprend et complète l'édition de 1795 mise au point par l'abbé Lefebvre la Roche, légataire des manuscrits d'Helvétius :
1) Les passages figurant dans l'édition de 1758, mais non dans l'original d'Helvétius, et devant donc être considérés comme des additions consenties par l'auteur pour obtenir le "privilège" ont été mis entre crochets [...].
2) Les mots et les passages de l'original modifiés ou supprimés pour satisfaire aux exigences de la censure ont été composés en caractères "futura", et mis entre "parenthèses droites". Les mots ou expressions simplement modifiés ont été placés directement à la suite de ceux qui les remplacent dans l'édition de 1758. Les passages supprimés ont été replacés dans le texte.
L'exemplaire de référence, dont l'orthographe et la ponctuation ont été conservées, a été prêté par la Bibliothèque SJ des Fontaines à Chantilly.
Jacques Moutaux
 

Claude-Adrien Helvétius (1715-1771), fermier général dès l’âge de 23 ans — dépensant sa fortune, dit-on, en plaisirs et en bienfaits quitta la finance pour les lettres vers 1750, et s’essaie d’abord à la poésie et au théâtre ; lecteur de Condillac, il opte pour la philosophie.
 
«L’affaire Helvétius» met en cause l’esprit et le principe de l’Encyclopédie. En 1759, l’auteur voit son premier ouvrage, condamné par la Sorbonne, le Parlement et le Pape, brûlé de la main du bourreau, et lui-même contraint de se rétracter. Or son idée maîtresse, que l’esprit n’est que le produit de l’éducation, exige et justifie la diffusion des «lumières»: pas de progrès ni de bonheur sans instruction. A l’appui, les thèses que défendra plus complètement le traité De l’homme, vingt ans après, sur la moralité, les relations entre les hommes, et l’intérêt compris comme premier moteur de toutes les actions.
 
(Catalogue des Auteurs, CF)
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