Biographie
Présentation du livre
Table des matières
 
Les Lettres philosophiques adressées à un Berlinois ont été publiées d’abord en articles dans la Revue des Deux-Mondes, puis en volume chez Paulin en 1832. D’emblée la question du destinataire fait énigme et scandale. Une rumeur prétend qu’il s’agit d’ Edouard Gans, qui avait rencontré Le Globe et les globistes à Paris en 1835, et vu sinon revu Lerminier en 1830, sans doute (selon Eric Puisais) chez les saint-simoniens. Dès 1835, Lerminier avait fait paraître dans le journal Le Droit une recension  des tomes 3 et 4 de l’Histoire du droit de succession de Gans, et celui-ci avait répondu par un compte rendu de l’Introduction générale de l’histoire du droit de Lerminier dans les Annales de critique scientifique en avril 1830 . Gans, disciple de Hegel et adversaire inflexible de l’école historique de Savigny, était aussi, comme l’écrira Lerminier dans Au-delà du Rhin (Paris, F.Bonnaire,1835), l’homme nécessaire pour parler aux Allemands des Français et les entretenir de nos deux révolutions : 1789 et 1830. Mais Gans donne à la presse un démenti formel, et Lerminier finit par laisser entendre qu’il pourrait s’agir d’un destinataire de fiction. En réalité, Lerminier écrit non pour présenter au lecteur français la philosophie allemande, ni pour rendre compte au public allemand de l’actualité de la pensée française, mais, sous ce dernier prétexte, dénonçant le plagiat de Hegel par Victor Cousin , critiquant la volonté du saint-simonisme de fonder une nouvelle religion, pour revendiquer une véritable philosophie française qui naîtrait de la conscience nationale. A Sainte-Beuve, qui écrit à la sortie du livre qu’au-delà du constat de la mort de la philosophie éclectique de la Restauration et de la vivacité de la politique doctrinaire, « Lerminier pose les problèmes sociaux qui, voilés durant quinze ans d’un rideau fleurdelisé de théâtre, ont été de nouveau démasqués par les trois jours (de juillet 1830) », répond Pierre Leroux – pourtant spectateur ironique de l’ascension de l’ambitieux Lerminier sous la Monarchie de Juillet –  qui rend justice à son auteur des Lettres philosophique écrites à un Berlinois dans son article «Eclectisme » de l’Encyclopédie Nouvelle » en 1834 pour avoir montré que l’éclectisme de M. Cousin n’est pas autre chose que le nom donné par celui-ci aux variations successives de sa fausse philosophie, et complété ainsi la propre démonstration de Leroux selon laquelle cet éclectisme n’est que la formule d’un homme sans tradition et sans but.
Le texte publié ici est celui de l’édition Paulin, les usages typographiques ont été modernisés et quelques erreurs d’impression corrigées. Les habitudes orthographiques de Lerminier ont été conservées.                                                                                                
Georges Navet
 
 

Né à Paris le 29 mars 1803, Jean Louis Eugène Lerminier (1803-1857) est fils d’un greffier du tribunal de Strasbourg et neveu d’un médecin réputé de Paris. Elève de Jouffroy au collège Bourbon de Paris, et de Louis Bautain à Strasbourg, et peut-être de Hegel au cours d’un voyage à Berlin, il écrit de nombreux articles dans Le Globe tandis qu’il poursuit des études de droit et soutient une thèse sur Savigny et sa théorie de la possession dans le droit romain en 1827. Un cours public d’histoire philosophique et littéraire du droit (ouvert avec Charles Comte) le fait connaître en 1828, à la leçon inaugurale duquel assistent Cousin, Guizot, de Broglie et de nombreux professeurs de l’Ecole de droit de l’Université de Paris, et qui sera publié sous le titre  Introduction générale à l’histoire du droit en 1829 : le droit est distinct de la législation, il repose à la fois sur l’élément philosophique et sur l’élément historique, soit une tentative de concilier Cousin et Savigny. L’avocat à la cour royale Lerminier , libéral modéré sous la Restauration, se radicalise en 1830, choisissant au Globe le parti de Leroux et Sainte-Beuve contre Paul-François Dubois et ses amis, et entre en Saint-Simonisme. Mais cet engagement est de courte durée. Il est nommé au Collège de France, sur une chaire créée pour lui de législation comparée, et s’engage dans une rupture avec Cousin pour mieux faire leur part aux révolutions et s’engager dans une philosophie nouvelle qui puisse ouvrir le droit aux changements qu’exige l’histoire et qu’exprime la philosophie. Ses cours, publiés en 1831 sous le titre Philosophie du droit, (Paris, Paulin, 1931) ont été réédités en 2008 par Georges Navet dans le Corpus des Œuvres philosophiques de langue française.
(Catalogue des auteurs. PV)
EUGENE LERMINIER
Lettres philosophiques à un Berlinois, 1832
 


LETTRES PHILOSOPHIQUES A UN BERLINOIS
 


AVERTISSEMENT
 
Ire LETTRE
De la situation morale de la France. – Paris, 9 janvier 1832  ........................................................................................13
 
IIe LETTRE
De la philosophie de la restauration. – M. Royer-Collard. – Paris, le 3 février 1832  ....................................................30
 
IIIe LETTRE
De l’éclectisme. – M. Cousin. – Paris, le 5 mars 1832  ..............................................................................................48
 
IVe LETTRE
De l’école appelée doctrinaire. – M. Guizot. – Paris, le  1er avril 1832  .......................................................................68
 
Ve LETTRE
Qu’est-ce qu’une révolution ? – Paris, le 21 mai 1832 .  ..............................................................................................88
 
VIe LETTRE
De la paix et de la guerre. – Paris, le 19 juin 1832  ....................................................................................................110
 
VIIe LETTRE
Questions soulevées par le saint-simonisme. – Paris le 3 août 1832  ...........................................................................128
 
VIIIe LETTRE
De l’église et de la philosophie catholique. – M. de la Mennais – Paris, 7 septembre 1832 .........................................151
 
IXe LETTRE
De l’opinion légitimiste. – M. de Chateaubriand. – Paris, le 3 octobre 1832 .............................................................173
 
Xe LETTRE
De la démocratie française. – M. de Lafayette. – Paris, le 5 novembre 1832 ............................................................196
 
XIe LETTRE
De nos constitutions depuis 1789. Des rapports de la France avec l’Allemagne. –
Paris, 17 novembre 1832 ........................................................................................................................................218
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