Version numérisée de l‘ouvrage
PROUDHON
De la justice dans la révolution et dans l'église  (1860)  (4 volumes)
Biographie
Présentation du livre
Table des matières
 


DE LA JUSTICE DANS LA RÉVOLUTION ET DANS L'ÉGLISE
(4 TOMES)
 



TOME I
Philosophie populaire. Programme  ............................................................................................................................7
Discours préliminaire[Prologue]  ..............................................................................................................................85
[Nous republions ici les "Arguments" composés par Proudhon pour la première édition]
ARGUMENT POUR LE PROLOGUE
Le pyrrhonisme, après avoir frappé les idées, s'attaque aux mœurs. Le problème de la certitude philosophique
se trouve ainsi ramené au problème des droits et des devoirs, ou problème moral, en sorte que la solution de
celui-ci donnerait la clé de celui-là. Or, le problème moral ne peut être résolu que par la Révolution ou par
l'Église: la première, organe de la pensée purement juridique ; la seconde, organe de la pensée religieuse.
Toute éthique rentre fatalement dans l'un ou l'autre système. Mais, grâce à l'opinion qui rattache à une
considération surhumaine le principe de la Justice et des mœurs, la question de droit n'a jamais été franchement
dégagée de la question de foi; toujours un peu de religion s'est mêlé à la cause de la liberté, toujours un peu
de liberté s'est introduit dans le système religieux; et ni la Révolution n'a pu enlever l'Eglise, ni l'Eglise
triompher de la Révolution. Il semble donc que le moyen d'en finir, de sauver avec la Révolution la conscience
et la certitude humaines, soit de changer d'hypothèse, d'abord en renonçant à toute pensée de conciliation entre
deux puissances manifestement incompatibles ; puis, et surtout, en posant la question de droit en dehors de toute
théodicée. Alors de deux choses l'une: ou c'est l'Eglise qui possédera la vraie science des mœurs, avec elle la
raison de l'humanité et des choses, et conséquemment la Révolution devra être écartée comme immorale ; ou
c'est le contraire qui aura lieu : telle est la question décisive qu'on s'est proposé de vérifier dans ces Etudes.
 
PREMIERE ÉTUDE  ........................................................................................................................................129
Position du problème de la Justice
ARGUMENT
Pour que la société soit possible, un principe de régularisation des rapports humains, quelque chose comme ce
que nous appelons Justice, est nécessaire. Or, ce principe, pour agir avec efficacité, ne peut pas se réduire
à une pure notion de l'entendement; il faut que ce soit une puissance, une réalité. Le consentement universel
est d'accord de ces prémisses; mais on se divise sur la conclusion, ce qui donne lieu à deux systèmes : l'un,
celui de la transcendance, consiste à placer hors de l'homme, soit en un Dieu, soit en une autorité constituée,
Eglise ou Etat, le sujet ou auteur du droit ; l'autre, celui de la Révolution, place le sujet juridique dans la
conscience, et le fait identique à l'homme même.
 
CHAPITRE PREMIER.-Définitions, méthode, maximes  ........................................................................................139
CHAPITRE II.—Comment l'idée d'un principe d'équilibre nous est donnée par l'opposition des intérêts.
Hypothèses diverses. Premier exposé d'un état juridique  ........................................................................................145
CHAPITRE III.-Difficultés que soulève l'idée d'un état juridique. Impossibilité de changer de voie.
A quelle condition la justice peut devenir une vérité  ................................................................................................155
CHAPITRE IV.-Réalisme de la justice. La transcendance et l'immanence  ..............................................................167
 
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS  ....................................................................................................................189
 
DEUXIÈME ÉTUDE  ........................................................................................................................................199
Les Personnes
ARGUMENT
Cette étude, ainsi que les suivantes, a pour objet de prouver que, dans l'hypothèse religieuse, quelle qu'elle
soit, la Justice ayant sa réalité hors de l'homme, se réduit pour l'homme à une pure notion de l'entendement,
sans action sur la conscience ; que de plus, par cette ablation de sa faculté justicière , ablation qui fait
l'essence de toute religion, l'humanité se trouve constituée en un état de dégradation naturelle et
d'immoralité invincible, dont la religion est impuissante plus tard à le faire sortir. Dogme fameux du
péché originel, commun à toute église et à toute théodicée ; corruption des mœurs, en raison même de la religion.
Forte de cette expérience, la Révolution explique par quelle illusion de l'optique intellectuelle l'homme pose
hors de lui ce qui est en lui, et de sa propre Justice se fait une idole qui n'est plus lui ; comment, dans
l'enfance des sociétés, cette hypothèse put servir à l'éducation des consciences ; comment ensuite, après avoir
été l'auxiliaire de la conscience, la religion en est devenue le tyran. Réduction à l'absurde du système
chrétien et de tous ses analogues : il n'y a de salut pour la Justice, la société, l'homme, que dans la Révolution.
 
CHAPITRE PREMIER.-Principe de la dignité personnelle  ....................................................................................199
CHAPITRE II.—Identité de la dignité personnelle et du droit chez les anciens: subordination de l'idée religieuse ........205
CHAPITRE III.-Exaltation et déchéance de la personne humaine chez les anciens  ..................................................221
CHAPITRE IV.-Transition religieuse. — Le Christianisme tire les conséquences des prémisses posées par le
Polythéisme et la Philosophie: condamnation de l'humanité  ......................................................................................237
CHAPITRE V.-Si le Christianisme a sauvé la dignité humaine ? Péril croissant de la Justice  .....................................259
CHAPITRE VI.-Age nouveau : la Révolution. Immanence et réalité de la Justice  ....................................................281
CHAPITRE VII.-Définition de la Justice  ..............................................................................................................299
 
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS  ....................................................................................................................317
 
TROISIEME ÉTUDE  ......................................................................................................................................363
Les Biens
ARGUMENT
L'hypothèse religieuse et la constitution ecclésiastique, quelles qu'elles soient, faisant de la justice une
puissance extérieure et supérieure à l'Humanité, du droit un commandement, du devoir une sujétion, il en résulte,
dans la pratique sociale, un complet arbitraire, non seulement quant aux personnes, déclarées indignes par
nature et sans droits, mais quant aux biens, dont la distribution, suivant ce système, n'appartient qu'à Dieu
et à l'Eglise, intéressée par sa foi au maintien du paupérisme, niant l'égalité des biens comme l'égalité des
personnes, niant même toute espèce d'économie rationnelle, aboutit au système de communauté religieuse
qu'elle tenta de généraliser au moyen âge, et qu'elle s'efforce de restaurer aujourd'hui. Immixtion illicite du clergé
dans les affaires; accroissement illégitime de la propriété ecclésiastique ; péril pour les familles et le travail libre.
—En regard de ce manque absolu de Justice distributive, inhérent à toute société constituée sur une idée mystique,
la Révolution pose les fondements de la nouvelle économie sociale par une simple conversion de la réciprocité
de respect ou droit personnel, en réciprocité de service ou droit réel. Théorie de l'égalité ; aperçu de
l'équilibre économique.
 
CHAPITRE PREMIER.—Position du problème de la répartition des biens, ou problème économique  .......................363
CHAPITRE II.—Doctrine de l'Eglise sur la distribution des biens. Explication du paupérisme par la grâce;
institution de l'Autorité  ..........................................................................................................................................375
CHAPITRE III.-Pratique de  l'Eglise depuis son origine jusqu'à la Révolution  ..........................................................389
CHAPITRE IV.—Pratique de l'Eglise depuis la Révolution  ....................................................................................407
CHAPITREV.—Principe de la Révolution sur la répartition de la richesse. Accord des lois de l'Economie et de
la Justice : l'Égalité  ...............................................................................................................................................433
CHAPITRE VI.—Balances économiques  .............................................................................................................455
 
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS  ....................................................................................................................537
 
TOME II
 
QUATRIEME ÉTUDE  ....................................................................................................................................569
L'État
ARGUMENT
L'immoralité dans l'ordre politique est une conséquence de l'immoralité dans l'ordre économique.
En vertu de son dogme, l'Eglise non seulement accepte cette immoralité nouvelle ; elle la confirme, elle la
consacre par ses théories du règne providentiel et de la prédestination. Instabilité fatale des Etats, dont
l'Eglise se prévaut comme d'un témoignage qui fait ressortir son éternité ; tentative avortée de théocratie ;
destruction systématique de la morale par la substitution de la raison d'Etat à la Justice ; convulsions de
la société.
—A la place de ce nihilisme politique, la Révolution propose sa théorie positive et réaliste du pouvoir social,
impersonnel, invisible, anonyme, résultant de l'action commutative des forces économiques et des groupes
industriels, c'est-à-dire de la liberté même.
 
CHAPITRE PREMIER.  ......................................................................................................................................569
—Phénomène de l'instabilité des Etats. —Antipathie de la conscience humaine pour le gouvernement.
—Origine du droit divin et de son équivalent, la souveraineté du peuple.
—Exemple de la nation française.
—Position du problème politique.
CHAPITRE II.  ...................................................................................................................................................585
—Du gouvernement selon la Nécessité.
—Comment l'instabilité de l'État résulte de l'inégalité des fortunes.
—Métaphysique de la raison d'Etat.
—Platon, Aristote, Spinoza, Rousseau, Machiavel.
CHAPITRE III.  ..................................................................................................................................................607
—Du gouvernement selon la Providence.
—Décret de prédestination : règne éternel du Christ ;catholicité ; théocratie.
CHAPITRE IV.  ..................................................................................................................................................621
—Pratique du gouvernement type, ou gouvernement sacerdotal
CHAPITRE V.  ....................................................................................................................................................647
—Dépravation de la morale publique par le gouvernement providentiel.
CHAPITRE VI.  ..................................................................................................................................................673
— Initiation révolutionnaire : soulèvement des âmes contre la Providence
CHAPITRE VII.  ................................................................................................................................................687
—Du gouvernement selon la Justice.
—Réalisme du pouvoir ; force collective ; constitution de la République.
PETIT CATÉCHISME POLITIQUE  ...................................................................................................................694
I—Du pouvoir social, considéré en lui-même. p. 694
II—De l'appropriation des forces collectives, et de la corruption du pouvoir social. p. 705
III—Des formes du gouvernement et de ses évolutions pendant la période pagano-chrétienne. p. 715
IV—Constitution du pouvoir social par la Révolution. p. 723
V—Questions à l'ordre du jour. p. 733
 
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS  ....................................................................................................................743
 
CINQUIEME ETUDE  .....................................................................................................................................775
L'Éducation
ARGUMENT
Quelle que soit la religion, produit d'une institution mystique ou d'une spéculation métaphysique ;
que l'Eglise qui lui sert d'expression soit organisée pour l'aristocratie ou pour le communisme, dès lors
que cette religion pose le principe du droit en dehors du sujet humain, il est fatal que l'éducation soit
aussi hors l'humanité, et se résolve en un système de dépravation. Ainsi l'âme n'étant pas cultivée comme
un germe vivant, qui possède sa loi en soi et ne demande qu'à se développer librement, mais traitée comme
une nature uniforme, obscure et mauvaise, qui attend sa façon, son mouvement et sa qualité d'une action
étrangère, l'homme devient, par l'éducation que lui donne l'Eglise, hypocrite, puisque sa conscience n'est
pas en lui; étranger à lui-même, puisque sa fin est hors de lui ; étranger à la société, qui, par sa raison
d'État, tantôt le fait serf tantôt le privilégie, dans tous les cas lui ôte la raison des choses et le respect
des personnes ; étranger enfin à la terre sur laquelle il est comme exilé, et qui n'a rien de commun avec lui.
Et comme le résultat inévitable d'une pareille éducation est de rendre, par la privation de toute justice propre,
de toute franchise de l'esprit, de toute estime du prochain, de toute communion avec la nature, l'existence
malheureuse, la mort sera d'autant plus misérable que la dévotion du sujet à sa foi aura été plus grande.
—Théories contraires de la conscience libre, de l'enseignement égalitaire , de la possession de la nature,
et de la bonne mort.
 
PRÉAMBULE.
CHAPITRE PREMIER.  ......................................................................................................................................781
—Idée générale de l'éducation.
—Intervention de l'idée religieuse.
CHAPITRE II.  ...................................................................................................................................................795
—L'homme dans son for intérieur.
—Symbolique du culte et de la prière.
—Double conscience.
CHAPITRE III.  ..................................................................................................................................................823
—L'homme devant la Société.
—Loi du respect violée par l'éducation ecclésiastique.
CHAPITRE IV.  ..................................................................................................................................................853
—L'homme au sein de la nature.
CHAPITRE V.  ...................................................................................................................................................879
—L'homme en face de la mort.
 
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
 
TOME III
SIXIÈME ÉTUDE  ............................................................................................................................................953
Le travail
ARGUMENT
Le travail, par son côté répugnant et pénible, crée pour l'homme une fatalité qui tend à le rejeter incessamment
dans la servitude, que la balance économique, l'organisation politique et l'éducation ont pour but au contraire
de faire cesser. Pour vaincre cette fatalité, qui menace la Justice et compromet la civilisation, il n'est
qu'un moyen, c'est de passionner le travail, ce qui ne se peut faire qu'à une condition, savoir, que chaque
travailleur devienne de sa personne, pendant le cours de sa carrière, un représentant de la totalité du
développement industriel. D'où il suit que le problème du travail passionnel, en autres termes du travail
affranchi est identique à celui de l'origine des connaissances et de la formation des idées, et que l'apprentissage
des métiers se présente comme une branche de l'instruction publique. Mais ici, comme partout, la théologie s'est
signalée par son génie anti-pratique ; à sa suite, l'Eglise et l'Etat ont décrété, de par la dignité de l'esprit,
la servitude de l'homme de peine. Antipathie de la philosophie spiritualiste pour le travail ;
impuissance de la charité.
—La révolution, en résolvant le problème, anéantit la révélation dans sa cause et rend toute hiérarchie
sociale impossible.
 
PRÉAMBULE.
CHAPITRE PREMIER.  .....................................................................................................................................957
—De la dignité du travail.
—Conclusions contraires de l'école fataliste ou providentialiste et de l'école révolutionnaire.
CHAPITRE II.  ...................................................................................................................................................975
—Discussion.
—Principe de la transcendance: que le travail est de  malédiction divine, et conséquemment la servitude
d'institution religieuse.
—Théorie spiritualiste.
CHAPITRE III.  ..................................................................................................................................................995
—Droit de l'homme de travail ou de l'esclave, d'après Moïse : loi d'égoïsme.
CHAPITRE IV.  .................................................................................................................................................1013
—Droit du serf salarié, d'après l'Eglise : loi d'amour.
CHAPITRE V.  ..................................................................................................................................................1031
—Droit du travailleur d'après la Révolution.
—Charte du travail : loi de justice. La franc-maçonnerie. Anti-conceptualisme maçonnique
—Idée de Dieu. L'origine de la philosophie des sciences,découverte dans la spontanéité travailleuse de l'homme.
—Alphabet industriel.
—Alphabet du travailleur.
—Encyclopédie ou polytechnie de l'apprentissage.
—Organisation de l'atelier.
CHAPITRE VI.  ................................................................................................................................................1071
—Le travail s'affranchira-t-il ou ne s'affranchira-t-il pas ?
 
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS  ..................................................................................................................1099
 
SEPTIÈME ETUDE  .......................................................................................................................................1133
Les idées
ARGUMENT
Dès l'origine de la civilisation, les hommes ont conçu la vérité et la loi des choses comme étant d'essence
supérieure à la lumière individuelle, que le sens intime et la pratique de la vie dénoncent à chaque instant
comme trouble et contradictoire. Aussi l'autorité privée fut-elle de tous temps suspecte et l'on a cherché la
raison générale ou la certitude, tantôt dans des révélations et des oracles, tantôt dans le consentement spontané
ou réfléchi des peuples, plus tard dans la méditation métaphysique, enfin, et en désespoir de cause, dans
l'observation et l'expérience. Tout faisait une loi de cette recherche : l'opposition des intérêts, le mensonge
des formules, les variations sans fin des législateurs, l'interprétation plus variable encore du juge, les
incertitudes du philosophe, la contradiction sans cesse renaissante entre les institutions d'une part, et
l'expérience quotidienne de l'autre. Après l'ignorance des lois de la Justice économique, politique et industrielle,
l'ignorance des conditions de la raison générale est la plus grande cause de démoralisation qui afflige le genre
humain. Insuffisance des garanties proposées : corruption de la science et de la raison publique par l'autorité
ecclésiastique ; scepticisme universel, pacte de mensonge, tyrannie de l'absolu. La Révolution fait la lumière
au sein de ces ténèbres : après avoir déterminé l'objet primitif et la circonscription de la métaphysique, elle
affirme la réalité de la raison collective, sa distinction spécifique d'avec la raison individuelle, et, sur
les ruines de l'immoralité probabiliste, fonde l'édifice indestructible de la foi publique.
 
PRÉAMBULE.
CHAPITRE PREMIER.  ...................................................................................................................................1137
—Idée d'une méthode de direction pour l'esprit dans la recherche de la vérité, d'après la science moderne.
—Elimination de l'absolu.
CHAPITRE II.  .................................................................................................................................................1157
—Difficulté d'appliquer l'hygiène intellectuelle aux sciences morales et politiques.
CHAPITRE III.  ................................................................................................................................................1183
—Méthode de direction pour l'esprit dans la recherche de la vérité, d'après l'Eglise.
—Théorie du probabilisme.
CHAPITRE IV.  .................................................................................................................................................1199
— Corruption de la raison publique par l'absolu.
CHAPITRE V.  ..................................................................................................................................................1215
—Corruption de la raison publique par l'absolu (suite).
CHAPITRE VI.  ................................................................................................................................................1255
—Description intellectuelle, ou méthode d'élimination de l'Absolu d'après les principes de la Révolution.
—Constitution de la raison publique.
CHAPITRE VII.  ...............................................................................................................................................1275
—Continuation du même sujet.
—La raison publique, condition et fondement de la foi publique.
 
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS  ..................................................................................................................1299
 
HUITIÈME ÉTUDE  .......................................................................................................................................1351
Conscience et Liberté
ARGUMENT
Quels que soient le dogme et la constitution d'une Eglise, si cette Eglise admet la réalité et l'efficacité de
la conscience, en autres termes le principe de la Justice immanente, elle perd sa raison d'être et cesse d'exister;
si elle reconnaît, en dehors du commandement divin, une différence entre le bien et le mal, elle cesse d'exister;
si elle a l'intelligence et le respect de la liberté, elle cesse encore d'exister. L'Eglise nie donc la suffisance
de la conscience et la réalité de la Justice ; elle nie la justification de l'humanité par elle-même ; elle nie la
distinction subjective du bien et du mal, et elle accuse la liberté, qu'elle ne comprend pas, d'être l'ennemie de
Dieu. De là, en premier lieu, le pyrrhonisme moral qui, sous prétexte de sanction divine, fait le fond de toute
théologie ; de là, ensuite, ce régime d'autorité et de discipline par lequel l'Eglise entreprend de contraindre
au bien des natures lâches et déchues ; de là, enfin, lorsque la foi religieuse vient à s'éteindre, la corruption
et l'esprit de tyrannie qui s'emparent de toute nation en qui la critique ayant tué la religion, a laissé la morale
sans fondements. Comment alors relever la société affaissée ? Sera-ce par la Justice, dont la notion, en dehors
de la théologie, existe à peine, et qu'une si longue préoccupation du sujet divin empêche de sentir ; ou par la
liberté, dont le mystère est encore plus impénétrable, et que nient formellement les philosophes ? Les nations
anciennes ont succombé devant le problème ; et nous sommes menacés d'y succomber à notre tour.
—Ici, de nouveau, la Révolution se lève : elle démontre le pyrrhonisme théologique, la réalité et l'efficacité du
sens moral ; contre le sophisme de la raison d'Eglise et de la raison d'Etat, la certitude de la distinction du bien
et du mal ; contre le fatalisme des philosophes et la mythologie de la révélation, la nature et la fonction
de la liberté.
 
CHAPITRE PREMIER.  ....................................................................................................................................1351
—Objections théologiques: Qu'il s'agit bien moins de donner les formules de la Justice que d'en procurer
observance, pour laquelle on ne peut se passer de religion.
CHAPITRE II.  .................................................................................................................................................1365
—Réfutation du pyrrhonisme théologique : existence du sens moral.
CHAPITRE III.  ................................................................................................................................................1385
—De la distinction du bien et du mal.
CHAPITRE IV.  ................................................................................................................................................1407
—Du franc arbitre.
—Marche de l'idée. Descartes. Spinoza. Leibniz. Autres philosophes.
CHAPITRE V.  ..................................................................................................................................................1447
—Nature et réalisme de la liberté.
CHAPITRE VI.  ................................................................................................................................................1465
—Fonction de la liberté.
—Objections ; conclusion.
 
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS  ..................................................................................................................1495
 
NEUVIÈME ÉTUDE  ......................................................................................................................................1535
Progrès et Décadence
ARGUMENT
S'il avait été possible que l'humanité demeurât fidèle à la pensée religieuse par laquelle. s'ouvre son existence,
malgré l'accumulation de ses découvertes, le progrès de son industrie, les évolutions de la politique, elle aurait
vécu dans un état de décadence non interrompue ; comme l'enfant scrofuleux, elle serait née pour pourrir ;
sa destinée, hideusement pervertie, aurait été une longue décomposition.Il y a de cela une triple cause:
1° L'homme, en vertu de sa religion, incrédule à lui-même, n'a de Foi qu'en la Divinité, ce qui fausse en lui
et bientôt arrête le mouvement de la Justice;
2° En vertu de la même religion, il suit l'idéal plutôt que le droit,et se perd par l'idolâtrie et la débauche;
3° La société, toujours par l'effet de ce culte, conçoit une idée fausse de sa destinée, qu'elle assimile à celle
des existences inférieures ; en sorte que, comme sa pensée est tournée vers la mort, ses institutions et sa tendance
l'y poussent fatalement. Et l'histoire prouve que telle en effet, ou peu s'en faut, a été jusqu'ici la vie de
l'humanité: cette vie n'est pas précisément continue,elle se compose d'une suite d'existences collectives placées
bout à bout, se transmettant de l'une à l'autre le flambeau de la civilisation, comme si elles n'avaient reçu de force
vitale que ce qu'il en faut pour traîner plus ou moins longtemps leur agonie, en nous apprenant à déduire de la
théorie de la Justice et de la Liberté la théorie du Progrès, met un terme à ce désespoir. Elle démontre, par la
logique et par les faits, que si la vertu propre de l'âme, si la joie de la conscience, par suite l'éclat du génie, ont
ont subi, sous l'influence de la tristesse religieuse, une longue éclipse, cette éclipse touche à sa fin, et que des
succès plus grands, une félicité supérieure nous attendent.
 
PRÉAMBULE.
CHAPITRE PREMIER.  ....................................................................................................................................1539
—Critique de l'idée de progrès.
CHAPITRE II.  ..................................................................................................................................................1555
—Critique de l'idée de progrès (suite).
—Théorie de l'évolution.
CHAPITRE III.  .................................................................................................................................................1573
—Théorie du progrès.
—Le progrès est la justification de l'humanité par elle-même, sous l'excitation de l'idéal.
CHAPITRE IV.  .................................................................................................................................................1591
—Théorie du progrès (suite).
—Principe et cause du péché, scission de la Justice et de l'idéal.
CHAPITRE V.  ..................................................................................................................................................1615
—Confirmations historiques.
—Idéalisme religieux : l'Eglise.
CHAPITRE VI.  ................................................................................................................................................1633
—Idéalisme politique.
—Rome et les empereurs.
EXTRAITS DE L'HISTOIRE DES EMPEREURS  .............................................................................................1645
Elagabal. Alexandre-Sévère Maximin. Probe
CHAPITRE VII.  ...............................................................................................................................................1669
—De la littérature dans ses rapports avec le progrès et la décadence des nations.
—L'“Iliade” et l'“Enéide”.
CHAPITRE VIII.  .............................................................................................................................................1745
—De la littérature dans ses rapports avec le progrès et la décadence des nations (suite).
 
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS  ..................................................................................................................1747
 
TOME IV
DIXIÈME ÉTUDE ..........................................................................................................................................1751
Amour et Mariage
ARGUMENT
Tout révèle dans le mariage une institution qui a pour but de subordonner l'amour à la Justice, conformément
à la théorie de la perfectibilité, et de faire de cette passion, essentiellement idéaliste, l'auxiliaire le
plus puissant de la conscience, partant le plus énergique du Progrès. Comment se fait-il que la Religion,
en sanctifiant le mariage, n'ait pas su en conserver la dignité, à ce point que l'institution n'a cessé de déchoir,
tant au fors intérieur qu'au fors extérieur ; que le mariage chrétien est resté inférieur au mariage païen,
et que l'Eglise a toujours confondu l'union légitime avec l'union concubinaire ? Comment se fait-il qu'à force
de diviniser l'amour, le mysticisme des théologiens, aussi bien que la spéculation des philosophes, le pousse
à la plus infâme corruption?
 
PRÉAMBULE.
CHAPITRE PREMIER.  ....................................................................................................................................1759
—Problème complexe du mariage: analyse préparatoire.
CHAPITRE II.  ..................................................................................................................................................1773
—Premières manifestations de la Justice matrimoniale.
CHAPITRE III.  ................................................................................................................................................1805
—Corruption du mariage et de l'amour par l'idéalisme.
—Confusion des sexes.
CHAPITRE IV.  ................................................................................................................................................1837
—Doctrine de l'Eglise sur le mariage.
—Communauté d'amours, concubinat, divorce, confusion des sexes : négation de la femme.
CHAPITRE V.  ..................................................................................................................................................1879
—Corruption de l'amour et du mariage chez les chrétiens : Caractère de la lubricité moderne.
 
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS  ..................................................................................................................1915
 
ONZIÈME ETUDE  ........................................................................................................................................1943
Amour et Mariage (Suite)
ARGUMENT
Toutes les religions ont méconnu le caractère de la femme : d'abord, elles l'ont injuriée ; puis elles l'ont
exaltée outre mesure et lui ont promis une destinée égale, sinon supérieure, à celle de l'homme. Que signifie
cette contradiction ? C'est que la religion, prenant pour elle-même la mission de la femme, qui est de porter
l'homme à la Justice par l'attrait de la beauté, n'a plus su ensuite que faire de la femme ; que, la considérant
en dehors de sa destinée elle devait trouver en elle un être impur et sans objet, à qui, dès lors, elle n'avait
à proposer que des noces célestes et la gloire de l'autre vie.
La Révolution, après avoir réfuté l'utopie platonique et chrétienne de l'égalité des sexes, donne la théorie du
mariage, discipline l'amour, rétablit la femme dans son rôle, et lui dit : Reine de grâce, monte sur l'autel.
 
CHAPITRE PREMIER.  ....................................................................................................................................1943
—La femme.
—Infériorité physique de la femme.
—Infériorité intellectuelle de la femme.
—Infériorité morale de la femme.
CHAPITRE II.  ..................................................................................................................................................1989
—Observations : Influence de l'élément féminin sur les mœurs et la littérature française. J.J. Rousseau.
Béranger. M. de Lamartine. Mme Roland. Mme de Staël.Mme Necker de Saussure. Mme Sand
CHAPITRE III.  ................................................................................................................................................2053
—Théorie du mariage.
1. Résultat général de la discussion.
2. Nécessité pour la Justice de se constituer un organe.
3. Que l'organe de la Justice est l'androgyne, ou le couple conjugal.
4. Beauté de la femme.
5. Destination de la femme.
6. Formation du pacte conjugal : premier degré de juridiction.
7. La famille : deuxième degré de juridiction.
8. La cité : troisième degré de juridiction.
9. Discipline de l'amour. Catéchisme du mariage.
 
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS  ..................................................................................................................2117
 
DOUZIÈME ÉTUDE  ......................................................................................................................................2143
De la sanction morale
ARGUMENT
La Religion, n'ayant pas de morale, n'a pas non plus de sanction morale ; elle ne sait même pas ce que veut
dire ici le mot sanction. Bien loin qu'avec ses récompenses et ses châtiments elle encourage les bons et épouvante
les méchants, elle peut se vanter d'avoir réhabilité le crime et déshonoré le supplice.
—Aperçu des effets contraires de la bonne et de la mauvaise conscience, dans l'individu, la famille, la cité ;
dans l'économie publique, le gouvernement. Théorie révolutionnaire de la solidarité juridique et du droit pénal ;
cessation du régicide ; constitution de la philosophie et solution du problème de la certitude.
FRAGMENTS  ..................................................................................................................................................2143
CH.I.  ................................................................................................................................................................2151
Critique générale de l'idée de sanction : caractère que doit avoir une sanction de la Justice.
CH.II.  ...............................................................................................................................................................2159
Que la sanction de la Justice a son foyer dans la conscience.
CH.III.  ..............................................................................................................................................................2175
Développement de la sanction morale dans la famille et la cité : Théorie du droit pénal.
CH.IV.  ..............................................................................................................................................................2193
Sanction dans l'économie.
CH.V.  ................................................................................................................................................................2211
Sanction dans la politique : physiologie du régicide.
CH.VI.  ..............................................................................................................................................................2253
Sanction dans la philosophie.
Conclusion  .........................................................................................................................................................2267
 
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS  ...................................................................................................................2277
 
Nous donnons ici le texte de l'édition de 1860, publiée en fascicules à Bruxelles, dernière faite du vivant de l'auteur. Elle est intégrale, à l'exception des Nouvelles de la Révolution qui ne font pas, au sens strict, partie de l'ouvrage.
Nous nous sommes bornés à corriger d'évidentes fautes d'impression et à moderniser sur quelques rares points les usages de la ponctuation et de la typographie.
Rose-Marie Férenczi, Patrice Vermeren , Bernard Voyenne
 

Pierre-Joseph Proudhon (1808-1865): une vie mouvementée, une pensée «scandaleuse». Typographe, il étudie l’économie politique dès 1840 (Qu’est-ce que la propriété ?) sans jamais abandonner la théologie. La lecture de Lamennais fut décisive. La révolution de 1848 le rend vite très populaire : il accepte la rédaction du Représentant du Peuple, trois fois supprimé, et devient Député de la Seine à la Constituante. Condamné pour délit de presse, il s’enfuit à Genève puis revient se constituer prisonnier à Sainte Pélagie.
De la Justice dans la Révolution et dans l’Eglise, saisi huit jours après sa publication, lui valut une amende de 4000 francs et trois ans de prison : il y échappe en s’exilant à Bruxelles, où il demeure malgré la remise de sa peine. «Epopée philosophique», l’ouvrage présente à la fois une réflexion sur l’histoire et un programme politique. La religion jusqu’alors a organisé les sociétés occidentales : le principe de la transcendance répète dans toutes les institutions la structure de hiérarchie et d’inégalité — Proudhon voit même dans la tentative communiste, unificatrice, une rémanence de l’illusion religieuse. La justice dans la révolution, au contraire, fonderait une société où la personne humaine deviendrait sujet libre et actif du devenir collectif. Une exception : la famille (le mariage surtout), irrémédiablement hiérarchique.
(Catalogue des Auteurs, CF)
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